Dans le début de la décennie précédente, nombreux ont commencé à parler d’un fléau qui sévissait il y a des années et des années. Nous avons essayé de trouver des solutions. Beaucoup d’infrastructures publiques comme l’éducation nationale ont demandé à des conférenciers d’en parler, et j’ai moi-même fait des conférences à ce sujet. Mesdames, messieurs, je vous présente le harcèlement. C’est quelque chose que j’ai subi et je m’en suis relevé donc je vous donne un petit ressenti en même temps.

Précisions : Le but de cet article est d’en faire un décryptage. Je parlerai du harcèlement classique avec violence verbale/physique puis je ferai aussi un décryptage sur le cyber-harcèlement et les nouvelles générations. Car n’oublions pas, l’estime de soi est aussi éducatif. Je ferai un autre article sur “comment se sortir du harcèlement et se reconstruire. Concernant le harcèlement sexuel, celui-ci est traité dans un autre article. (lien vers article harcèlement sexuel)

1/ C’est quoi exactement le harcèlement ?

Comme dans mon article sur le harcèlement sexuel, il est important de bien définir le cadre. Voici la définition de harceler : Harceler (vbe transitif) : soumettre à quelqu’un d’incessantes petites attaques, de continuelles pressions, sollicitations.* En gros, le harcèlement, c’est une violence (morale, physique, sexuelle…) répétée sur quelqu’un. Dans notre cas on ne parlera pas de violences ponctuelles qui ne sont pas du harcèlement bien que ces dernières soient intolérables dans notre société. Le harcèlement est bien une violence, même si cette violence peut sembler mineure, c’est son côté répété qui est destructeur. Je vous informe car nul est censé ignorer la loi, comme toute violence, le harcèlement est un délit et donc, répréhensible jusqu’à 1 an de prison et 15 000€ d’amende. Si circonstance aggravante comme le cyber-harcèlement, c’est 2 ans et 30 000€, si plusieurs circonstances aggravantes, 3 ans et 45 000€.

2/ Pourquoi ça fait mal ?

Le harcèlement fait mal parce que ce sont des petites violences assignées à la victime de manière quotidienne. C’est cette récurrence des violences, qui en général par les mots, attaque directement l’estime de soi.

Comme vous le savez sur ce site, l’estime de soi étant notre carburant, c’est comme si j’enlevais le carburant de la voiture et arrivé à sec, je lui demandais d’avancer. Evidemment, cela ne marcherait pas.

Le harcèlement est quelque chose d’assez horrible puisqu’au final, c’est comme une ventouse qui aspire toute votre énergie vitale pour avancer. Quand il y a plus d’énergie, on devient fou et nous sommes capables de se faire mal à soi-même. De plus, les harceleurs peuvent accompagner cette violence par les coups physiques.

On peut ajouter que le harcèlement peut se faire à plusieurs harceleurs, ce qui renforce cette impuissance. Vous avez des témoins apeurés vous laissant seul, par peur des représailles.

Cela se voit beaucoup chez les jeunes, notamment au collège, car c’est la construction de l’estime de soi. On peut observer énormément de petits groupes dans la cour de récré. Chacun y est intégré dans un ou plusieurs car ils ont une appartenance. Sauf, que cette construction donne des estimes de soi instables, car dès lors où vous n’avez plus ce pré-requis, vous êtes exclus. De plus, chacun à une réputation. Si vous en avez une mauvaise, alors peu seront enclins à venir vous voir. Vous deviendrez dès lors, une victime potentielle.

L’humain déteste se retrouver seul. C’est un instinct de survie. Il y a des millions d’années, se retrouver seul était synonyme de mort. Car l’humain a très peu de moyen de défense face à un prédateur. Son pouvoir, c’est le groupe. Par réflexe, et même aujourd’hui à notre époque, nous avons gardé cet instinct primitif dans notre cerveau reptilien. C’est pour cela qu’être seul fait toujours mal.

Si on combine le fait d’être seul ainsi que de subir la violence quotidienne, vous comprenez que le harcèlement devient dévastateur pour l’estime de soi. Il s’enclenche alors un cercle vicieux.

  1. La solitude baisse l’estime de soi.
  2. Nous devenons plus facilement victime.
  3. Nous subissons la violence.
  4. La violence baisse l’estime de soi.
  5. Nous commençons à souffrir et à nous isoler encore plus.
  6. Notre estime de soi baisse encore et nous acceptons la violence car nous l’avons banalisée.
  7. Nous nous isolons encore plus, l’estime chute et nous souffrons gravement et devenons plus facilement manipulables.
  8. Etant tout seul face au groupe, nous pensons que ce qui disent les autres est vrai et que c’est de notre faute.
  9. Estime au plus bas, stress, crise d’angoisse, sentiment d’être seul, manque de sommeil démultipliant le phénomène.
  10. Nous essayons d’échapper à la souffrance par la souffrance physique que nous nous infligeons.
  11. Tentative de suicide.
  12. Suicide.

De plus, je rajouterai que ces étapes peuvent être démultiplié par la présence des écrans avec les Réseaux Sociaux. Surtout chez les jeunes, le harcèlement ne s’arrête plus arrivé à la maison. Chez les jeunes, le cyber-harcèlement est plutôt fait par le genre (être un garçon), le sentiment d’appartenance (faible) et l’usage problématique d’internet (élevé). Les garçons sont plus souvent victimes et mais aussi plus auteurs. 15% des enfants et adolescents utilisant internet, connaissent l’intimidation en ligne.

Chez les adultes, la diffamation peut contribuer au harcèlement notamment avec les fameux hashtag (comme le #balancetonporc).

3/ Les différents rôles

Dans le harcèlement, il y a différents rôles. 1. Le/les harceleur(s) 2. Le/les victime(s) 3. Les témoins

a/ Les harcelés

On dit toujours que les harcelés sont toujours les victimes à défendre. Alors, dans la théorie, je vous dirai…oui car personne ne doit subir la violence mais dans les faits, la réalité est un petit peu plus complexe. J’ai déjà vu par mes propres yeux (ayant étant éducateur sportif auprès de jeunes) certains harcelés se mettre de manière parfois volontaire en position de harcèlement pour crier à la victimisation et attirer les faveurs d’autrui.

Donc oui, en aucun cas le harcèlement doit exister, et oui il faut protéger la victime. Cependant, il est conseillé de ne pas voir en tout blanc, tout noir. Il faut comprendre les enjeux.

Souvent, les harcelés sont des personnes à basse estime de soi. Peu d’entre-eux cherche à s’affirmer. Certains ont un comportement dit “paillasson”. Cela consiste à subir les relations à autrui sans oser exprimer ce que l’on pense ou veut. Pour les harceleurs, ce sont des personnes faciles à harceler car elles n’oseront jamais s’affirmer. C’est d’autant plus vrai dans le monde adulte avec l’abus de pouvoir et de statut. La figure d’autorité d’une personne peut contraindre une autre à ne pas s’affirmer.

Cependant ce n’est pas toujours le cas, nous pouvons être harcelé même si nous avons une haute estime de soi. Ce sont parfois des personnes qui n’hésitent à aller au conflit quand quelque chose ne va pas dans leur sens. On appelle cela un comportement dit “hérisson”. En négligeant les points de vue des autres, certains peuvent recourir à la violence ou au harcèlement pour “calmer” ou “donner une leçon” à la personne.

Concernant le cyber-harcèlement, le fait d’avoir une basse estime de soi entraîne davantage de risques d’avoir une utilisation problématique du smartphone, d’internet et ses Réseaux Sociaux. Par conséquent, la victime peut s’exposer d’elle-même à la manipulation, envoyer des photos d’intimités ou autres informations personnelles multipliant dès lors les chances d’être harcelé/cyberharcelé via du “revenge porn” ou autre violence.

Petit cercle vicieux, les Réseaux Sociaux étant distributeur à volonté de dopamine (hormone du plaisir), il est d’autant plus simple de céder à l’addiction pour pouvoir se faire du bien quand on est mal. Pour cela, la victime pourrait user de stratégies pour gratter des “likes” ou de la popularité renforçant temporairement son ego au prix d’envoi de photos/vidéo douteuse (pas que sexuel) pouvant amener le cyber-harcèlement. Cette stratégie est plus féminine, cependant les hommes peuvent se mettre en scène lors de défi tout aussi dangereux pour prouver leur virilité. Je rajouterai que cette stratégie n’est pas QUE utilisée par les jeunes mais aussi par les adultes. C’est la forme qui change.

b/ Pourquoi harceler ?

Les harceleurs ne sont pas toujours conscients de leurs actes. Souvent, quand on harcèle, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Une personne bien dans sa peau, éduquée à la violence n’aura pas idée de venir harceler une personne. Ce qui fait que l’on peut harceler peut commencer par l’effet de groupe.

Pour éviter d’être exclu, ou bien par peur que la violence arrive contre soi, nous pouvons tout simplement être un mouton et harceler quelqu’un. C’est une façon instinctive de se protéger en montrant les dents.

Un harceleur est souvent une personne blessée. Le harceleur est peut-être lui-même harcelé. Il est possible que dans sa vie, il se soit passé quelque chose de grave, qu’il est malheureux. Pour éviter d’être seul, il va harceler quelqu’un pour bien voir qu’il n’est pas seul à souffrir. Cela peut soulager la personne qui harcèle.

Toujours dans les problèmes d’estime de soi. Il y a ceux qui ont une très haute (trop haute ?). Malheureusement, c’est souvent une estime de soi construite sur des valorisations, un statut… Certaines personnes ne peuvent s’empêcher de s’auto-promouvoir. Cette autopromotion peut carrément déborder et se transformer en harcèlement. La technique sera de rabaisser l’autre et si possible de faire du chantage avec un statut ou autre. Ces personnes n’hésiteront pas à utiliser les autres pour asseoir leur envie de domination pour se convaincre ainsi que les autres qu’ils sont des personnes puissantes.

c/ Le rôle décisif des témoins

On a beaucoup plus de chance d’être témoin des situations plutôt qu’être harceleur ou harcelé. Le rôle des témoins est essentiel. C’est la clef du harcèlement. Le témoin se doit d’agir et d’alerter. Ce n’est pas toujours facile car :

  • La peur : alerter un harcèlement peut nous causer un désagrément. Dans la rue, l’agresseur peut-être armé. Dans le milieu scolaire ou professionnel, cela peut jouer sur notre réputation, poste etc… et la violence peut se retourner contre nous.
  • La banalisation de la violence : C’est d’autant plus vrai chez les jeunes, l’exposition des personnes sur les écrans avec tous les contenus violents existants ont bien un impact sur les êtres humains. C’est celui de banaliser cette violence. Quand on joue au jeux vidéo, regarde des films violents, la télé réalité, ou bien même regarder et regarder les informations en continu, nous voyons de la violence (très grave même) sans réagir. Cela provoque une forme d’habitude. Sans décryptage des images, nous sommes plus capables identifier la petite violence. Dès lors où nous voyons des petites bousculades ou entendons des insultes, nous nous disons “oh ça va, ce n’est pas grave”. Cependant cela laisse l’accès à l’escalade de la violence et/ou la répétition de ces dernières.

Il est donc très important de réagir pour enrayer ce cercle vicieux. N’oubliez pas qu’aux yeux de la loi : témoin passif = complice. Un like sur les Réseaux Sociaux sur des publications haineuses = complice ! S’il y a suicide ou autre, que vous êtes témoin et que vous n’avez pas réagi, cela est considéré comme de la non-assistance à personne en danger, répréhensible jusqu’à 5 ans de prison et 75 000€ d’amende.

4/ Conclusion

Si vous voyez ces actes de violences, réagissez et prévenez les autorités compétentes. Cela sera le but du prochain article. N’oubliez pas que rien n’est tout noir ou tout blanc.

NB : J’ai défini quelques archétypes dans cet article. La liste est non exhaustive et les actes peuvent se situer entre deux archétypes. Nous sommes des êtres humains et chaque situation est différente. L’analyse, l’écoute et l’empathie sont nécessaires.

*Définition dictionnaire Larousse