S’ennuyer, c’est pénible ! Pourtant votre cerveau active ce mode uniquement quand vous vous ennuyez, et cela a des bénéfices multiples sur la santé et votre productivité. Avec nos smartphones et l’abondance des écrans chez les jeunes, vous avez pu remarquer certains détails de comportement et de concentration… avec en prime, l’absence d’ennui ou je dirai, l’incapacité de savoir s’ennuyer.
La question du numérique revient régulièrement dans le débat public. Entre les discours alarmistes et la volonté récente du gouvernement d’interdire le smartphone avant 11 ans, un élément essentiel passe pourtant sous le radar : l’ennui.
Et surtout, ce qu’il déclenche dans le cerveau.
Dans une société où tout doit aller vite, où chaque seconde d’attente peut être comblée par un swipe ou une vidéo de 6 secondes, nous oublions une vérité fondamentale :
👉 le cerveau a besoin d’ennui pour se développer correctement.
C’est même une fonction neurologique documentée : le mode par défaut du cerveau. La vidéo est disponible ici
Le mode par défaut : ce que fait votre cerveau quand “il ne fait rien”
Dans les années 2000, des chercheurs se sont rendu compte d’un phénomène étrange :
Lorsque les participants d’une étude de neuroimagerie n’avaient rien à faire… leur cerveau s’activait énormément.
C’est ce qu’on appelle le Default Mode Network (DMN), ou réseau du mode par défaut.
Il s’active :
- quand on rêve éveillé
- quand on se perd dans ses pensées
- quand on marche sans but
- quand on regarde par la fenêtre
- quand… on s’ennuie
Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un état de “pause”.
C’est un état de traitement profond.
Les recherches de l’Université de Californie du Sud : l’ennui est productif
Les travaux de l’Université de Californie du Sud (USC) ont montré que lorsque le DMN s’active, le cerveau réalise automatiquement des tâches essentielles à notre équilibre psychologique :
✅ Organisation mentale
Le cerveau trie, classe et hiérarchise les informations accumulées dans la journée.
C’est comme ranger votre disque dur interne.
✅ Planification
Il imagine l’avenir proche, anticipe, prépare des scénarios.
On y retrouve la racine de l’imagination.
✅ Introspection profonde
C’est dans ces moments que vous vous demandez :
- Qu’est-ce que j’ai vraiment envie de faire ?
- Qu’est-ce qui compte pour moi ?
- Pourquoi je réagis comme ça ?
✅ Renforcement de l’estime de soi
Lorsque l’on ne fuit pas constamment ses pensées,
on finit par se confronter à soi-même.
Et paradoxalement, c’est ce qui structure l’identité, les valeurs et la confiance personnelle.
L’ennui n’est pas une perte de temps : c’est un investissement dans la maturation du cerveau.
Pourquoi l’ennui disparaît ? Le rôle du smartphone
Le problème n’est pas seulement que les enfants utilisent des écrans.
Le vrai danger est plus subtil :
🔸 Le smartphone tue l’ennui dès sa naissance.
Une micro-frustration → une notification, un jeu, une vidéo.
🔸 Le cerveau n’a plus l’occasion d’activer son mode par défaut.
🔸 Résultat à long terme :
- baisse de la créativité
- difficulté à se concentrer
- anxiété accrue
- identité fragile
- estime de soi instable
Le cerveau n’a plus de “fenêtre pour lui”.
Ce que cela signifie pour les parents (et pour nous, adultes)
En réalité, la question des smartphones ne concerne pas seulement les enfants.
Elle nous met face à notre propre relation au numérique.
- Savons-nous encore nous ennuyer ?
- Laissons-nous des moments de vide dans nos journées ?
- Montrons-nous l’exemple ?
Un parent qui sort son téléphone au moindre silence transmet un message très clair, sans même le vouloir :
👉 le vide doit être comblé.
Pourquoi l’ennui disparaît dans nos vies modernes ?
Aujourd’hui, l’ennui est devenu presque impossible :
- une micro-attente = un réflexe de sortir son smartphone
- un silence = une vidéo
- un moment sans stimulation = un scroll automatique
Le cerveau n’a plus accès à ce temps précieux pour s’autoorganiser. Nous sabrons involontairement un mécanisme fondamental de maturation.
Et cela vaut pour tout le monde :
- un adulte sur-sollicité
- un enfant exposé trop tôt au numérique
- un adolescent saturé de notifications
- un parent qui comble chaque micro-frustration par un écran
Dans tous les cas, c’est le même phénomène :
👉 plus de stimulation = moins d’introspection.
L’ennui : une clé pour une identité solide
L’estime de soi ne se construit pas dans l’action permanente. Elle se construit dans les moments où l’on se pose, où l’on observe nos pensées, où l’on se demande :
- Qu’est-ce qui est important pour moi ?
- Qu’est-ce qui me rend heureux ?
- Pourquoi je réagis de cette manière ?
- Qu’est-ce que je veux bâtir ?
Sans ces temps de “vide”, l’identité reste floue.
La confiance devient fragile.
La créativité diminue.
La prise de décision se complique.
D’ailleurs, l’estime de soi et la réalisation de soi est vraiment important dans la vie d’un être humain. C’est toujours difficile de faire le travail car cela veut dire se confronter parfois à des dissonances cognitives, ou des traumatismes. Mais pour ça, j’ai concocté un programme pour vous aider pour retrouver sa confiance en soi avec ma formation « Confiance de machine ! »
Inversement, quand on laisse un espace à l’ennui :
- la clarté revient
- les émotions se rangent
- les idées se remettent en place
- une forme de calme intérieur apparaît
L’ennui est une forme de retour à soi.
Pourquoi cela concerne autant les adultes que les enfants
On associe souvent l’ennui aux enfants.
Mais les adultes sont tout aussi concernés — parfois même davantage.
Un enfant qui s’ennuie développe sa créativité.
Un adulte qui s’ennuie retrouve son énergie mentale.
Un enfant qui s’ennuie construit son identité.
Un adulte qui s’ennuie clarifie sa direction.
Dans les deux cas, l’ennui est une forme d’hygiène mentale.
Il rétablit un équilibre que la stimulation constante détruit.
Conclusion : réhabiliter l’ennui pour mieux se construire
L’ennui n’est pas un vide à combler. C’est un espace à préserver.
Dans une société saturée d’écrans et de sollicitations, revenir à ces moments de calme intérieur est une forme de résistance. Mais c’est surtout une nécessité neurologique.
Pour les enfants comme pour les adultes, l’ennui est un terrain fertile :
- pour la créativité
- pour la maturité émotionnelle
- pour l’identité
- pour l’estime de soi
Se donner — et offrir aux plus jeunes — le droit de ne rien faire, c’est leur offrir le droit de se construire vraiment.