“Et surtout, si tu veux un bel avenir, travaille bien à l’école et obtiens tes diplômes. “
Aaarh que cette phrase me met hors de moi. Et oui, c’est un sujet sur lequel je risque un peu de m’énerver. J’ai un très mauvais rapport avec l’école. J’ai toujours trouvé le système stupide, ennuyeux, et surtout, je pensais qu’il ne servait à rien. C’était les seules choses que j’avais en tête quand j’étais adolescent. Je ne comprenais pas réellement pourquoi je détestais l’école, mais aujourd’hui en tant qu’adulte, j’ai 1000 arguments contre le système.
1/ Mon vécu à l’école
Pourquoi cette rancœur me diriez-vous ? J’ai eu dès l’école primaire des tensions avec les professeurs. Je me sentais bridé dans mes compétences. J’avais plutôt de bonnes notes (jusqu’en 3e où je tournais encore entre 12 et 13), un comportement à vrai dire non-perturbateur, sauf quand j’estimais que le professeur m’embêtait.
Au collège, j’ai subi le harcèlement, malgré mes plaintes (faut dire que je rendais les coups) c’était de ma faute d’après le corps éducatif. Puis au lycée, j’ai pété un câble, redoublant ma 2nde avec 10,5 de moyenne suite à une altercation avec la proviseure pour discuter de mon passage en 1ère.
Suite à ça, la proviseure décida de me punir et de me faire redoubler la 2nde. Ce fut la fin de moi au lycée. Malgré un 11 de moyenne soutenu en 1ère et Terminale dans une filière que je n’aimais/correspondais pas, mon comportement était devenu odieux envers l’éducation nationale sans pour autant avoir toutes les réponses de ma colère. Je trouvais le système bancal, sans pouvoir totalement l’expliquer.
J’ai eu mon BAC aux rattrapages, complètement au blabla (voir entourloupes) avec 10 virgule quelque chose.
Malheureusement aux études supérieures, l’échec fut cuisant, gâchant près de 5 ans de ma vie d’adulte. En savoir plus sur mon histoire…
2/ En quoi es-tu crédible à critiquer ?
La plupart des gens n’ont vu que le côté élève. J’ai vu les deux côtés, et je le vois presque tous les jours. Je fais des conférences pour les élèves de CP jusqu’en Terminale depuis presque 4 ans, mon constat est sans appel : notre système éducatif est malade.
Ce que je vois est terrible. Malheureusement, travaillant avec l’éducation nationale (Attention, je n’ai pas dit pour), je vais devoir me censurer, car je dois travailler et me nourrir, donc certains sujets comme la violence institutionnelle, elle existe mais je n’en parlerai pas.
Cependant, je tiens à nuancer mes propos, il y a des gens très compétents, très passionnés dans l’éducation nationale, mais d’autres qui sont à la rue.
3/ Notre système est malade
Notre système actuel à été construit à l’ère industrielle. En gros, dans une ère où la majorité des gens travaillaient dans des usines à faire une tâche très simple et répétitive. Les compétences demandées étaient simplement : écoute, assieds-toi, ferme-la et fais. L’école a donc été naturellement articulée autour de cette logique. Il fallait des élèves disciplinés et standardisés.
Pourquoi ? Car à cette époque-là, si tu étais sage et que tu avais des bonnes notes, alors tu étais garanti d’avoir une place dans le milieu professionnel. De plus, un bon salaire, la sécurité de l’emploi était à la clef et sans réfléchir de trop.
Sauf qu’aujourd’hui, les chinois par exemple peuvent faire la même chose et pour beaucoup moins cher. Notre système économique étant aux plus gros profits sans se soucier de la condition humaine, compétition oblige, la sécurité de l’emploi n’existe plus. Du coup, il faut des gens avec un peu plus de génie pour survivre, ce qui n’est en aucun cas enseigné à l’école.
Et c’est cette rigidité de l’éducation nationale qui crée une société malade mais surtout, complètement moutonne. Oui, l’école est une fabrique à mouton, cela se vérifie tous les jours sur les réseaux sociaux !
L’école enseigne un savoir mais n’éduque pas. Je suis désolé, mais le fait d’étudier 6 heures par jour pour ensuite régurgiter le tout sur une feuille de papier, ce n’est pas de l’éducation. Des personnes très scolarisées ne sont pas forcément très bien éduquées.
4/ Un clivage de plus en plus conséquent
Aujourd’hui, les enfants à l’école manquent constamment de respect aux adultes. Mais la réaction des adultes n’est pas en reste, Pourquoi ?
Vous me connaissez sur ce blog comme un expert sur l’estime de soi et le développement personnel mais ce n’est pas ma première expertise. J’enseigne dans les établissements les bons usages d’internet(lien vers la presse), les sujets exposés sont les jeux vidéo, réseaux sociaux, big data, médias, les relations sociales avec les écrans (smartphones), la parentalité, usages excessifs, sexualité/porno et d’autres encore… (gardez-le en tête vous allez comprendre)
A force de ne pas éduquer les enfants sur plusieurs générations, ces enfants sont devenus adultes puis ont fait des enfants qui sont encore moins éduqués.
De l’autre côté, vous avez un système dépassé, inintéressant, avec des professeurs qui sont excellents dans leur matière mais à qui on n’a jamais enseigné la pédagogie. Vous rajoutez des personnes haut classées perchées sur leur tour d’ivoire, avec des jeux de pouvoir mais qui ne voient jamais la réalité du terrain. Pire, ce sont eux qui décident du bien-fondé des actions à mettre en place.
Pour finir, vous saupoudrez le tout avec l’arrivée d’internet, les usages numériques inconnus des adultes, maîtrisé par les jeunes (malheureusement que d’un point de vue dextérité, en vrai, ils ne savent rien) et vous obtenez… le bordel.
Il n’est donc pas étonnant de voir des jeunes irrespectueux, des adultes dépassés, voir irrespectueux eux aussi. La technologie creuse encore plus la distance.
Je le vois bien quand les élèves arrivent dans mon cours. Ils sont dégoûtés de savoir qu’ils vont devoir rester assis pendant deux heures, disent qu’ils savent déjà tout sur internet et que je ne servirai à rien. Cependant, après les 2 heures, je surprends certains à vouloir rester au lieu d’aller en récré. A la fin, j’ai même une foule d’élèves pour aller me poser des questions. Et puis une petite minorité, disent que c’était le meilleur cours de leur vie.
Pourquoi ? Parce que je parle d’internet ? Oui, c’est certainement un peu vrai. Mais la réalité est différente. Je leur parle de la vie, je les oblige à réfléchir, à puiser dans le génie qu’ils ont. Je les encourage et ma pédagogie est très différente, adaptée au monde professionnel. Les anecdotes sont des cas concrets de la vie, et j’y mets du sens. Le fait est : très rare les fois j’ai eu à me confronter au manque total de respect, et pourtant, j’ai fait des publics réputés très difficiles.
Autre aspect à prendre en considération, sont les questions des élèves. Premièrement, on voit leur détresse concernant l’avenir. Très peu ont développé des facultés d’adaptation. Pire encore, la moutonnerie est plus que développée.
Au lycée, certains comme moi auparavant se posent beaucoup de questions.
Mais monsieur, vous parlez d’éducation. Pensez-vous que le système actuel nous éduque ? L’école ne serait pas une fabrique à mouton ?
Ce qu’un lycéen m’a posé comme question devant les profs. Mais un autre s’était insurgé de colère “pourquoi on n’a pas eu ça avant”. Si vous saviez les réponses des académies concernant mon travail et mon utilité, vous seriez choqués.
Bien évidemment, on ne peut pas forcément en vouloir aux professeurs. C’est devenu un métier très dur. Surtout, ils ne peuvent former les jeunes au monde professionnel et sont limités dans leurs actions. Un autre défaut c’est qu’ils ne sont jamais sortis de l’école (oui, c’est un comble). On a besoin de l’école, mais elle se doit de s’adapter. Cependant, ce n’est pas pour tout de suite, à part si vous arrivez à virer les vieux croûtons de leur tour d’ivoire. Pour progresser, il va falloir formater votre cerveau et oublier ce que l’école vous a appris. Mais n’oubliez jamais tout de même, que certains métiers nécessitent un savoir scolaire, que l’école pose la base de lecture/écriture, pour compter mais aussi nous permet un minimum de culture général, donc y aller reste important. La question est plutôt, combien de temps faut-il y rester ?
Justement, cela sera le sujet suivant dans un autre article.