Les réseaux sociaux modernes, et en particulier les vidéos courtes à la TikTok, ont un impact réel – et pas toujours positif – sur le cerveau. Entre perte de matière grise, fragilisation de la concentration ou hyperstimulation du circuit de la récompense, ces contenus modifient notre fonctionnement mental, souvent à notre insu. Voici ce que les scientifiques ont observé, et comment vous pouvez agir.


1. Matière grise fragilisée : l’impact structurel des écrans

Des recherches en imagerie cérébrale montrent chez certains utilisateurs excessifs d’Internet (incluant les réseaux sociaux) une diminution de la densité de matière grise dans les zones préfrontales et orbitofrontales, essentielles pour la prise de décision et le contrôle des impulsions. PMC+1

Plus inquiétant encore, certaines études évoquent une véritable atrophie cérébrale, similaire à ce que l’on observe dans certaines formes de vieillissement cérébral précoce. C’est le cortex préfrontal qui est touché, cela concerne le contrôle, les prises de décisions raisonnées… (Ex. : utilisation intensive de TikTok chez les enfants).

En savoir plus dans cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nkaWzVkKGtk


2. Popcorn Brain : l’attention fragmentée par le flux digital

Le terme « Popcorn Brain », popularisé pour décrire notre attention hyper-fragmentée, émerveille autant qu’il inquiète. Cette poêle-programmée en chaleur continue correspond à notre propension à passer d’un contenu à l’autre, sans repos.

Concrètement, un simple son ou une notification peut casser votre concentration, et il vous faut en moyenne… 23 minutes pour vous reconcentrer.


3. TikTok Brain : la génération Z (et Alpha) en première ligne

L’usage intensif des vidéos ultra-courtes favorise ce qu’on appelle le « TikTok Brain » : une altération des fonctions cognitives chez les jeunes, avec anxiété, perte de mémoire et attention réduite comme principaux symptômes observés.

Ces plateformes exploitent la dopamine via un système de récompense aléatoire, calqué sur le modèle des machines à sous, accentuant le besoin de « juste encore une vidéo ».


4. Addiction aux vidéos courtes : structure et fonctions cérébrales modifiées

Une étude récente publiée dans NeuroImage (2025) révèle chez les utilisateurs dépendants aux vidéos courtes :

  • Une augmentation de matière grise dans le cortex orbitofrontal (liée aux décisions émotionnelles et aux récompenses) et le cervelet.
  • Une activité fonctionnelle accrue dans des zones comme le cortex préfrontal dorsolatéral, le cingulaire postérieur ou le pôle temporal – impliqués dans la prise de décision, la régulation émotionnelle ou le « self-referential processing ».

Ces changements traduisent une hypersensibilité à la gratification immédiate, au détriment de l’attention soutenue et de l’équilibre émotionnel.


5. Dopamine, récompenses sociales et reconfiguration du cerveau

Notre cerveau est câblé pour réagir aux stimulations sociales : likes, commentaires, vidéos captivantes… cette activation du circuit dopaminergique (zones comme le striatum ventral, le préfrontal ventromédian, le système de récompense limbique) est identique à celle ressentie lors d’une récompense tangible.

Chez la Génération Z, hyperconnectée aux réseaux, on observe des fluctuations importantes de dopamine, renforçant l’usage compulsif, au risque de perturber les cycles naturels de motivation et de repos cérébral.


6. Un terme résumé : « Brain Rot »

Oxford University Press a désigné « Brain Rot » comme mot de l’année 2024 : cela décrit la « détérioration mentale due à la consommation excessive de contenus triviaux en ligne ».

Les conséquences :

  • Baisse de la créativité, de la mémoire, et de la motivation.
  • Production d’un état de fatigue mentale, une sorte de vide cognitif.

7. Les enfants encore plus touchés

Comme vous le savez, je vais dans les écoles primaires, collèges et lycée pour faire la fameuse prévention aux bons usages des écrans. L’idée n’est pas d’interdire mais d’avoir un usage raisonné de ces écrans.

Les parents sont soumis eux mêmes à leur propre pratique (souvent les enfants me disent « ouais mais papa/maman, ils sont tout le temps sur le téléphone »), ou font face à la pression sociale sans soutien car il n’y a pas d’école à la parentalité au numérique, et donne le smartphone à des âges très précoces. Ceux que je vois au primaire, certains ont déjà des smartphones dernière génération. Ils sont à peu près 50% à disposer d’un smartphone au CM1/CM2 quand bien même depuis 2021, nous observons une légère baisse.

Les conséquences sont désastreuses. Gen Z étant la 1ère génération à être né avec Internet est actuellement la génération avec le plus de troubles psychologiques avec une grande utilisation des Réseaux Sociaux. Chez eux, on remarque, une empathie un peu moindre, une socialisation très difficile, des relations amoureuses chaotiques et une concentration en berne avec des résultats académiques en baisse.

Mais ce n’est rien avec Gen Alpha (après 2011) où ces traits se sont démultipliés où la violence n’est même plus de la violence face aux contenus ultra violents et/ou pornographiques face auxquels ils font face dès 10-12 ans en moyenne. Résultat : catastrophe dans les apprentissages, relations sociales et la capacité à faire preuve d’empathie. Chez les jeunes, l’atrophie du cortex cérébral est largement supérieur car leur cerveau est en plein développement.


8. Ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui

Voici des stratégies à adopter pour reconquérir votre concentration et protéger votre cerveau :

ObjectifAction concrète
Réduire le scrollingDéplacez les applis sociales hors de l’écran d’accueil, imposez des plages horaires sans écran (zones sans tech)
Restaurer l’attentionUtilisez la technique Pomodoro, désactivez les notifications, fixez 80 % contenu utile / 20 % divertissement
Recréer le calme cérébralPratiquez la méditation, la lecture long format, des activités contemplatives
Échapper à la surchargePréférez des contenus enrichissants (podcasts, lectures inspirantes, films structurés)
Reconstruire votre cerveauEngagez-vous dans des tâches mentales profondes : apprentissage, exercice intellectuel soutenu

Conclusion – Reprenez le contrôle de votre attention et de votre cerveau

Les réseaux sociaux courts ne sont pas seulement des passe-temps : ils modifient notre cerveau, sapent notre concentration et réécrivent notre relation à l’attention et au plaisir. Mais cette évolution n’est pas irréversible. En reprenant des habitudes conscientes et en réinvestissant des activités riches, vous pouvez reconstruire une attention profonde, protéger votre matière grise… et renouer avec une vie mentale plus durable.